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LA MUCOVISCIDOSE

Témoignage de Julie Deschamps atteinte de la mucoviscidose qui a aujourd’hui 25 ans : 

 

“J’étais tout le temps malade. Nous avons consulté de nombreux pédiatres et autres spécialistes pendant plusieurs années à cause de pneumonies constantes. Les médecins me disaient que je me rendais malade. Lorsque j’avais 8 ans je vomissais souvent on me disait que je mangeais trop. A l’âge de 17 ans, mon état a empiré et j’ai été hospitalisée. Après vingt jours d’hospitalisation et une IRM (image par résonance magnétique), les médecins découvrent de la boue ciliaire (épaississement muqueux) qui enflamme le pancréas. Malgré cette accumulation de troubles physiques, les médecins persistent : cette maladie est seulement psychologique. Mes parents et moi nous battons pour faire un test de la sueur mais il s’avère négatif. S’ajoutent aussi les vomissements, les médecins pensent alors que je suis anorexique et mettent cela sur le compte de la dépression. Une énième pneumonie se déclare, je crachais énormément de sang. Ainsi j’ai passé plusieurs tests dans différents hôpitaux : je suis finalement bien atteinte de mucoviscidose.

 

Qu’est-ce que la mucoviscidose ?

 

La mucoviscidose est une maladie génétique affectant l’appareil digestif, l’appareil respiratoire et l’appareil génital. Les cellules touchées sont les cellules épithéliales présentent dans la muqueuse des poumons, du pancréas, du foie du tube digestif, de l’appareil génital et des glandes sudoripares qui sont des glandes situées sous la peau et sécrètent la sueur. Aujourd’hui selon l’INSERM, les centres des ressources et des compétences contre la mucoviscidose (CRCM), la société française de mucoviscidose et l’institut national d’ études démographiques (INED), on dénombre, en 2013, 6 275 personnes atteints de mucoviscidose dont 3 178 adultes et 3 097 enfants. Le nombre d’adultes atteints de mucoviscidose ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années, en 2004, 38% des malades étaient des adultes, en 2013 ils sont plus de 50%, toujours selon les chiffres l’INED. Aujourd’hui, on compte 7 000 personnes atteints de mucoviscidose.

 

Quels sont les symptômes ?

 

Les symptômes sont variables selon l’âge et  le sexe du patient et ne se déclarent pas au même moment. En effet, il est possible de découvrir la maladie lors de la période prénatale, à la deuxième échographie. Elle se caractérise par une stagnation des matières fécales du foetus causant la dilatation des intestins. Chez le nouveau-né, la prise de poids se fait seulement au bout de 2 à 3 semaines contre 8 à 10 jours pour un enfant normal et l’expulsion des selles est tardive pouvant causée une occlusion digestive. Pour un enfant, la maladie peut s’identifier grâce à de nombreuses quintes de toux à répétition, de nombreuses bronchites régulières se compliquant en surinfection bactérienne. Au niveau digestif, l’insuffisance pancréatique cause des troubles de la digestion. Des déficits nutritionnels se font sentir notamment en vitamines A,D,E,K et l’enfant se retrouve avec une courbe de croissance inférieure à la normale. Cependant, l’enfant peut aussi être constipé entraînant une déshydratation, rendant la sueur salée.

De plus, la mucoviscidose se manifeste, chez l’adulte et l’adolescent, par de nombreuses et fréquentes infections pulmonaires entraînant des difficultés à respirer et des sinusites à répétitions. L’insuffisance pancréatique est associée à des douleurs abdominales. S’ajoute à cela le diabète nécessitant des injections d’insuline si le pancréas est touché. Enfin, la mucoviscidose peut causer la stérilité d’un homme en obstruant la circulation des spermatozoïdes et celle de la femme, avec l’épaississement de la glaire cervicale entraînant l’impossibilité aux ovules de passer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Symptômes de la mucoviscidose

La mucoviscidose est la maladie génétique la plus fréquente chez la population occidentale. Elle est due à la fabrication de la protéine CFTR d’une gène sur le chromosome 7 qui contrôle le transport des ions à travers les membranes cellulaires c’est-à-dire qu’elle équilibre les cellules en eau et en sel. Ainsi lorsque ce gène est déficient, les sécrétions sont plus épaisses causant l’épaississement de la muqueuse. Ce gène peut subir plusieurs mutations mais la plus fréquente F508 est la cause de 70% des malades.

 

Poumons sains

Poumons d'une personne atteinte de la mucoviscidose

Comment peut- on être porteur du gène causant la mucoviscidose ?

 

La maladie est une maladie dite récessive c’est-à-dire que les deux parents doivent être porteurs du gène pour que l’enfant soit atteint de mucoviscidose. Trois possibilités sont possibles : soit l’enfant est porteur des deux gènes mutés sur le chromosome 7, il est donc malade. Il peut aussi être porteur d’un seul gène sur les deux chromosomes, l’enfant est donc indemne mais il peut alors la transmettre, sinon l’enfant n’est porteur d’aucun gène muté, il restera indemne et ne pourra la transmettre.

Schéma de la transmission possible de la mucoviscidose

A 18 ans après différents traitements, je pouvais prendre jusqu’à quarante quatre cachets par jour , mon médecin m’a proposé la thérapie génique comme solution.

 

 

Comment soigner la mucoviscidose ?

 

La mucoviscidose est “soignée” par diverses façons. Cependant, ces traitements ne permettent pas de soigner la mucoviscidose mais les symptômes. En effet,  l’infection des bronches est soignée par la thérapie respiratoire permettant de ralentir la dégradation de la fonction respiratoire ou encore la greffe pulmonaire. De plus, des médicaments sont prescrits aux patients afin de soigner les troubles de l’appareil digestif et le diabète causé par l’insuffisance pancréatique se rapporte au traitement administré aux patients du diabète. L’ivacaftor est un médicament prescrit aux patients de mucoviscidose pour améliorer le passage des ions chlorures, il est administrable par voie buccale. Au- delà de la prise en charge des symptômes, les médecins cherchent à soigner la pathologie. Dans cet objectif, ils se sont rapidement dirigés vers la thérapie génique.

 

Modélisation de la molécule ivacaftor

J’étais d’abord réticente et effrayée puis je me suis finalement dit que cela pourrait me soigner. Cet essai clinique consistait à introduire un gène CFTR non déficient. Elle utilise la technique in vivo, je devais en effet inhaler ces molécules sous forme d’aérosol. Elles permettent de corriger les anomalies et de désépaissir les voies respiratoires encombrées par la boue ciliaire. Ce gène en version normale  est transporté dans les cellules souches pulmonaires grâce à un vecteur viral bien défini et non toxique capable d’introduire puis remplacer le gène. Cependant, cet essai, s’effectuant seulement aux Etats-Unis, fut assez compliqué psychologiquement étant éloignée de ma famille. Cette thérapie a permis d’améliorer de 3.7% mes fonctions respiratoires. Certes ces résultats sont modestes mais ils me permettent de faire du sport plus longtemps car je ne pouvais pas courir plus de cinq minutes sans être essoufflée.


Trois ans plus tard, on me propose un autre essai clinique permettant de corriger le fonctionnement de la protéine. L’essai précédent avait seulement influencé les voies respiratoires mais celui-ci concerne la protéine en entier donc tous les symptômes de la mucoviscidose. Cet essai a pour but de provoquer le repliement de la protéine CFTR sur elle-même pour qu’elle ne s’intègre pas à la membrane cellulaire améliorant ainsi les symptômes liés aux obstructions intestinales et pancréatiques. Ces améliorations favorisent mon épanouissement et me facilitent la vie. Ces essais sont  de  véritables progrès pour moi.’’

TPE 2015-2016

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